Julian Palmieri, ancien joueur professionnel, nous parle du football en Corse et de sa reconversion avec Alexandre Ruiz

                                              
Julian Palmieri est né le 7 décembre 1986. Il commence sa carrière professionnelle en 2005 et évolue au poste de latéral gauche ou de milieu gauche. C’est au SC Bastia qu’il débute et joue 5 matchs lors de la saison 2005-2006. Puis, il rejoint le club italien le FC Crotone en Serie B où il joue une saison. Il  s’envole du côté du FC Istre et y joue 2 saisons (2007 à 2009). Il rejoint ensuite le Paris FC pour la saison 2009-2010. Puis il revient pour 5 saisons à Bastia. Ensuite, il joue au LOSC pour la saison 2016-2017. Il quitte le club nordiste pour aller dans le Grand Est, au FC Metz. Il finit sa carrière professionnelle au Gazelec Ajaccio. Il a joué 373 matchs et a marqué de nombreux buts sensationnels dans sa carrière professionnelle.

 Quelle a été votre formation pour devenir footballeur professionnel ?

J’ai commencé le foot à 6 ans, à l’AS Pusignan dans une campagne lyonnaise. Puis, Lyon m’a appelé. Je suis né en décembre, j’ai dû donc attendre 7 mois pour rejoindre l’OL. De 7 à 13 ans, j’ai fait ma pré formation à Lyon. Puis, de 13 à 18 ans, j’ai fait ma formation à Bastia et mes premiers matchs professionnels.

Quelle a été votre sensation lors de votre premier match ?

C’était beaucoup de fierté. Le Sporting de Bastia est mon club de cœur, c’est le club qui a bercé ma jeunesse. Quand tu démarres dans le club où tu as mis tout de côté pour devenir joueur professionnel, c’est une fierté. Tu penses à toutes les personnes à qui tu dois cela et à tous les sacrifices que tu as faits. Je me rappelle tout le centre était parti en boite de nuit mais moi je préférais récupérer du match. Je suis parti très tôt de la maison, à 13 ans. C’était une déchirure avec ma famille, mes amis, mes habitudes, tout ce que j’avais, tout ce que j’aimais, tout ce qui m’avait aidé. J’ai dû faire un choix pour aller loin de mes rêves.

Quelle a été l’équipe la plus forte que vous avez rencontrée ?

J’ai rencontré la Juventus qui était en Serie B, à cette époque, avec Trezeguet, Del Piero, Buffon. J’ai également rencontré le PSG des Qataris. Ces deux grosses équipes sont pour moi les plus fortes que j’ai rencontrées. C’était le PSG de Zlatan, David Luiz, Lavezzi, Sirigu, Veratti…

Quel est le club qui vous a le plus marqué ?

C’est forcément Bastia, mon club de cœur. J’ai vécu mes plus beaux moments, mes plus belles années. J’y suis resté la plus grande partie de ma carrière professionnelle, 11 ans !

Quel attachement particulier avez-vous avec la Corse ?

Je suis corse donc, à la base, ça aide. Je vis encore à Bastia ; ma femme est corse et bastiaise. Je suis chez-moi en Corse. C’était donc une fierté d’évoluer au sein du club de la Corse. Mon père a quitté la Corse pour aller à Lyon pour le travail.  Je suis par la suite né à Lyon. Puis, je suis retourné vivre seul à Bastia à 13 ans. C’était un mal pour un bien puisque j’ai pu me concentrer sur le football. Au centre de formation, il y avait beaucoup de joueurs corses venant d’Ajaccio, quelques parisiens et quelques marseillais. J’étais le seul venant de Lyon. Cela nous permettait d’être entre copains. On n’a pas été beaucoup à avoir fini professionnels. Après c’est dans la tête, il ne faut pas lâcher.

Que vous a apporté votre passage au LOSC ?

Bastia m’a fait une proposition de contrat assez tard. Lille est arrivé au même moment de la proposition de Bastia, et jouait la Coupe d’Europe. Lille avait répondu à mes attentes salariales. Cela ne s’était pas fait 4 ans auparavant. On s’était promis, eux comme moi, un jour de travailler ensemble. L’année où je suis arrivé, il y a eu 4 entraineurs, c’était une année assez compliquée. Des nouveaux joueurs sont arrivés et on a dû faire avec. On a très bien vu assez rapidement que les trentenaires n’étaient pas les bienvenus. Ils sont tous partis l’année suivante. Jouer au LOSC m’a permis de connaitre le très haut niveau. C’est un des top 3 des clubs français. Faire la Coupe d’Europe, c’était nouveau pour moi. Au Sporting, j’étais bien mais c’était chez moi. Cela m’a fait un gros changement. Même si entre temps, je suis parti à Istres et au Paris FC.

Vous avez marqué un but exceptionnel lors de la saison 2016-2017 contre l’AS Monaco avec le LOSC, pouvez-vous me décrire votre sensation juste après avoir marqué ?

Je n’en garde pas un bon souvenir. J’avais fait un très mauvais match. Quand on voit ma réaction sur le but, j’en n’ai aucune puisque ce but n’allait pas sauver mon match. Le but est beau mais je n’ai aucune sensation, aucune euphorie. La frappe en elle-même, elle était assez similaire à celle que j’avais réalisée avec Bastia contre le PSG. En revanche, l’autre but était assez extraordinaire, on était 19ème au classement. En plus, c’était Paris. Personne ne nous voyait sortir gagnants. Au bout de 10 minutes, il y avait 2 à 0 pour le PSG puis les planètes se sont alignées et c’était ma soirée. A la mi-temps, le score était de 2 à 2 et dans les vestiaires, on s’était dit qu’on allait gagner. Je me rappelle que cela a procuré beaucoup de joie aux joueurs et aux supporters. La situation était très tendue, on revient à 2-2 et le 3ème but c’est un but de fou, le stade était en folie. Tout le monde était surpris, moi le premier. J’en ai marqué quelques-uns similaire en National ou en Ligue 2 mais là c’est la Ligue 1 contre la plus grosse équipe du championnat, ce n’était pas prévu.

Quel est le meilleur entraineur que vous avez côtoyé ?

Frederic Hantz, l’entraineur qui m’a lancé en Ligue 1 et qui me connaissait le mieux. Il m’a appelé pour que je le rejoigne à Metz. C’était un peu mon Papa du Foot. C’était un plaisir de retravailler avec lui. J’avais mis le foot entre parenthèses puisque ma mère venait décéder, je voulais en arrêter là. Metz avait licencié son entraineur, c’est lui qui avait pris la place. Il avait besoin de moi pour le vestiaire, il avait besoin de renouveau, de ma grinta. Je lui ai demandé, une petite heure de réflexion. J’en ai parlé avec ma femme et c’était le moment parfait. C’était un challenge intéressant, ne connaissant pas la ville. J’ai accepté très vite.

Quel est la différence entre jouer en Corse et en France ?

Il y en a beaucoup. Déjà la météo, il pleut beaucoup en France. A Lille et à Metz, il y a eu des périodes très compliquées, dans l’hiver, il faisait des – 10 C °, – 7 C °. A Bastia, il n’y a jamais ces températures. Il y a aussi cette euphorie en Corse qui règne dans la ville et dans le stade. Cela reste assez spécial la Corse, par rapport au continent. Il y a cet engouement en Corse qui nous rappelle la culture latine. J’ai joué un match à Naples, qui venait de se faire reléguer. Maradona était venu, c’était incroyable. Maintenant, les dirigeants de Bastia veulent un club sans histoire, lisse. Je ne suis pas d’accord. Il y a une folie qu’il n’y a pas en France. RC Lens, ASSE et l’OM sont les seuls clubs qui m’ont fait penser à cette ambiance.

Pouvez-vous me décrire l’ambiance dans le stade de Bastia ?

Quand on vient vérifier la pelouse, il y a déjà cette folie.  A l’échauffement déjà, c’est très chaud. Les supporters poussent déjà. On entend les chants du couloir, des chants un peu spéciaux. On sent vraiment le rôle du 12ème homme ; ce n’est pas une histoire. Il y avait des matchs plus tendus comme les derbys contre Ajaccio et Nice. Cela dépassait le cadre du football. Il y avait une ambiance très appréciable pour nous en tout cas.

Quel est votre rôle dans le Ruiz Club ?

Quand j’étais footballeur, Alex m’avait contacté pour une émission sur beIN SPORTS car il apprécie que je dise toujours ce que je pense. Il y a eu un bon feeling lors de nos premiers échanges. Donc, on s’est dit, qu’on allait se retrouver après ma carrière professionnelle. Puis, il a démissionné de chez beIN SPORTS et il avait besoin de renouveau, de digital. Puis on a commencé pour l’Euro 2020 sur Twitch. Cela s’est super bien passé. Ensuite, il a été contacté par Brut et il m’a proposé de le rejoindre. C’est un honneur d’apprendre ce métier avec lui.  Pour moi, c’est de très loin le meilleur journaliste, c’est lui qui a apporté le concept d’apporter le petit bureau sur le bord du terrain de Ligue des Champions entouré de son équipe de consultants. C’est lui qui fait passer le plus d’émotions. A l’époque, j’attendais le moment où la soirée commence, le moment où on va le voir parler de tout ce qui se passait autour du match. Il y a un monde entre ce que Alex faisait et ce qu’on voit aujourd’hui. Au début j’avais dans un coin de ma tête d’être entraineur. Pour plein de raisons cela n’a pas pu se faire. J’ai tout de suite accroché avec le métier de consultant. Quand on était sur Twitch, on était dans des bureaux à Paris. Avec Brut Live, on peut être à distance. Il y a beaucoup de choses à faire avec Alex sur Brut Live. Brut Live, c’est aussi des reportages ! Le bon point est que je peux rester chez moi. Néanmoins, partir prendre l’avion cela fait du bien aussi. Bouger un peu, cela va aider à grandir le concept.

Quels conseils donneriez-vous pour des jeunes footballeurs qui souhaitent devenir professionnels ?

Avoir le sens du sacrifice. Comme j’ai dit au début, il faut faire des choix dans la jeunesse comme de ne pas sortir tous les soirs. Le corps change, l’adolescence arrive, il peut y avoir des problèmes à travers ça. Avoir des bonnes qualités footballistiques c’est très bien. Pour moi, c’est le mental qui fait la différence. Il ne faut jamais lâcher. J’ai connu des joueurs très bons mais le mental n’était pas là. Il faut garder les pieds sur terre, travailler. Mentalement, il faut être très solide dans les bons et mauvais moments.

Merci beaucoup Monsieur Palmieri,

On vous retrouvera dans vos lives sur Brut et sur Instagram