« Jean-Pierre Papin est un joueur qui m’a beaucoup inspiré » Stéphane Guivarc’h revient sur son parcours de jeunesse dans le football.
Bonjour Stéphane, merci de m’accueillir aujourd’hui pour une interview sur votre parcours de footballeur.
A quel poste jouiez-vous dans votre premier club lors de votre jeunesse ?
Pareil… Attaquant. A ce sujet, j’ai une anecdote intéressante. Quand j’étais en formation à Brest, l’entraineur a convoqué mes parents. L’entraineur disait que je n’allais pas assez vite. A l’intersaison, l’entraineur m’a fait jouer latéral droit mais le match s’est terminé sur un 5-0 et le joueur que je devais marquer a inscrit 3 ou 4 buts. Ensuite, je suis allé jouer dans l’équipe B et je suis redevenu attaquant.
Avez-vous fait un parcours sports-études ou un programme similaire ?
J’ai démarré mon parcours dans le football à l’US Trégunc de 6 à 11 ans, le club de ma ville d’origine à côté de Concarneau. Ensuite, je suis allé jouer à l’Hermine Concarnoise de 11 à 14 ans, un club qui était mieux structuré au niveau de la formation. Après avoir été repéré par le Brest Armorique, j’y ai fait une formation d’apprenti et je suis devenu stagiaire pour le club. Au total, j’ai effectué 5 ans de formation au Brest Armorique.
A l’époque, les études scolaires étaient moins bien organisées qu’aujourd’hui. Notre journée était organisée de la manière suivante : cours le matin et l’après-midi, entrainement le matin et l’après-midi, puis devoirs le soir. Au départ, tous les cours se passaient par correspondance sans encadrement d’enseignants sur place. Par la suite, nous avons eu quelques enseignants pour nous aider.
Comment avez-vous été repéré par le Stade Brestois ?
A l’époque, il y avait des sélections au niveau régional sous la forme d’un tournoi avec 5 départements (Finistère Sud, Finistère Nord, Côte- d’Armor, Morbihan ; Ille-et-Vilaine.)
18 joueurs ont été retenus pour jouer dans l’équipe de l’Ouest de football. Cette équipe jouait ensuite contre les autres régions dans le cadre de la coupe des régions de l’UEFA. C’est à ce moment-là que j’ai été repéré.
Comment s’est passée votre intégration lors de votre passage au Brest Armorique ?
L’intégration s’est très bien passée. J’avais été retiré de mon cocon familial à 14 ans et je ne pouvais pas rentrer chez mes parents le week-end car je jouais tous les dimanches. Nous étions logés en plein centre-ville de Brest dans une vielle demeure rénovée. Nous étions deux par chambre.
Quel atout a convaincu votre premier entraîneur à vous promouvoir dans le groupe professionnel ?
Avant tout mes performances en tant que buteur. Après, ce qui a dû également jouer, c’est mon attitude et mon implication lors des entrainements. Lorsque l’entrainement était terminé, je restai toujours travailler avec l’entraineur adjoint et avec le gardien de réserve. Sur le groupe de 20 personnes qui étaient avec moi, 3 ou 4 ont obtenu un statut de joueur professionnel.
Qui a été votre idole de jeunesse ?
Jean-Pierre Papin est un joueur qui m’a beaucoup inspiré. Il m’inspirait beaucoup avec sa détermination, son acharnement au travail et ses beaux buts. C’est un attaquant remarquable qui avait à l’époque publié des vidéo cassette avec des conseils pour l’entrainement. J’ai passé pas mal de temps à regarder toutes ses vidéos.
Quel était votre club préféré pendant votre jeunesse ?
Je n’ai jamais eu de club préféré. J’ai toujours été marqué par tous les clubs. Toutes les étapes ont été enrichissantes. Le seul bémol de mon parcours est Newcastle United où il y a eu un changement d’entraîneur juste après mon arrivée. Malheureusement je ne faisais pas partie des plans de l’entraineur et je n’ai pas beaucoup joué.
Quel est l’entraîneur qui vous a le plus appris ?
Ils m’ont tous appris quelque chose. Mais celui qui m’a peut-être le plus appris est Aimé Jacquet avec l’équipe de France. Avant et pendant la Coupe du Monde 1998, il était beaucoup critiqué mais avait une vision très claire du jeu qu’il voulait mettre en place. Au départ, il ne m’avait pas intégré car il était à la recherche d’un véritable n°9 à la pointe de son attaque. A l’époque je jouais au Stade Rennais où j’allais dans toutes les zones. Lorsque je suis retourné à l’ AJ Auxerre pour la saison 1997-1998, je suis devenu un pur n°9. Du coup Aimé Jacquet m’a intégré dans l’équipe de France. Dès que j’ai été titularisé, je savais que j’allais jouer pendant au moins une heure pour épuiser la défense adverse et faire entrer du sang neuf.
Quel est le match qui vous a le plus marqué ?
La finale de la Coupe du Monde 98 ! C’est la finale qui a fait rêver les français et nous jouions à domicile. Un grand match également dans ma carrière était le match Auxerre- Marseille au stade Vélodrome. C’était le quart de finale de la Coupe de France lors de la saison 1997-1998, où j’ai marqué trois buts !
Quelle est la culture du foot en Bretagne ?
C’est une terre de foot avec beaucoup de passionnés. Nous avons plusieurs clubs professionnels.
Quel est le club qui vous a le plus marqué ?
Il y a un club à qui je dois beaucoup est Brest puisqu’ils m’ont formé. Malheureusement, lorsque je suis passé professionnel, le club était en liquidation. Du coup je suis parti jouer à Guingamp. Il y avait une bonne équipe avec de fabuleux joueurs comme Roberto Cabañas, Dragiša Binić, Hervé Guégan, Joël Cloarec et Ronan Salaün.
Comment se prononce Guivarc’h ?
La plupart des personnes vont prononcer « ch » à la fin, mais en fait, en breton « ch » se prononce « rhe ». Du coup, on m’appelle souvent dans la région avec la prononciation bretonne. Mais ça ne me dérange pas que les personnes utilisent une autre prononciation dans le reste de la France
Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir footballeur professionnel ?
Mon père était footballeur professionnel. Dès 6 ans, j’allais le voir jouer des matchs tous les week-ends. Mon frère était également un grand fan du foot et nous jouions tout le temps ensemble dans le terrain de ma grand-mère. Ma mère était également passionnée et venait me voir jouer à Brest tous les week-ends, même sans mon père.
Quels sont vos conseils pour des jeunes footballeurs qui veulent devenir footballeur professionnel ?
S’en donner les moyens en travaillant beaucoup. Ne pas hésiter à montrer de l’engagement en restant travailler à la fin de l’entraînement.
Quelle est la question qu’on ne vous a jamais posée sur la Coupe du Monde 1998 ?
Est-ce que vous vous revoyez régulièrement avec les joueurs de l’équipe de la Coupe du Monde 98 ?
Quelle serait votre réponse ?
On essaye de se faire un repas tous les ans avec tous les gagnants de la Coupe du Monde 1998.
Qu’est ce que vous avez fait après votre carrière de footballeur ?
J’ai travaillé comme consultant à Canal + pendant 8-9 ans. Je travaille dans la vente de piscines depuis 15 ans en Bretagne. Je suis également investi dans l’US Trégunc, où j’étais entraineur de 2007 à 2011. Je suis ensuite devenu président du club de 2013 à l’année dernière, ; cette année je suis vice-président. Nous sommes montés en National 3, ce qui est une belle performance pour un club de 300 licenciés.
Merci beaucoup Stéphane pour l’interview !