« J’ai été bercé par le foot espagnol », Alexandre Ruiz nous partage son parcours et sa nouvelle aventure dans le monde digital

Quel a été votre parcours pour devenir journaliste sportif ?

Déjà, un parcours assez classique, un bac scientifique qui à ce moment-là cela s’appelait le bac D. Je suis ensuite parti en Fac : fac d’histoire et puis fac de langue espagnole.  Etant d’origine espagnole, j’avais trouvé une facilité. J’ai fait ma fac à Caen. Je suis issu d’une famille franco-espagnole : mes grands-parents vivaient en Afrique du Nord, mes parents sont nés au Maroc et ensuite mon père est venu en France. Il est d’abord venu en région parisienne mais puis est parti immédiatement en Normandie à Caen. Né au Maroc, j’ai fait toute ma maternelle et primaire à Caen. J’ai adoré mon enfance et aussi ma ville. Cela avait donc un parfum particulier pour moi. Quand j’ai eu mon choix de fac, j’ai choisi Caen et j’y suis resté au total 3 ans.

Quand avez-vous choisi de vous consacrer au journalisme ?

J’ai fait les concours d’école et c’est à ce moment-là seulement que j’ai choisi ce que je voulais faire : le journalisme. Durant ma période à la fac, mes parents m’ont conseillé d’aller voir les journaux locaux pour leur proposer mes services. Il s’avéra que le jour où j’ai frappé à la porte d’un canard local, le correspondant de la section sport était sur le départ. J’avais 18 ans à l’époque. On m’a proposé d’être mis à l’essai trois semaines. Mes papiers ont été pris et publiés. Cela m’a fait tout bizarre de voir des papiers sur le foot sous mon nom. Puis, j’ai été embauché. J’allais en fac la semaine et le week-end, je faisais tous les papiers sur l’équipe de foot de la région, avec Pacy-sur-Eure qui flirtait entre la deuxième et la troisième division. J’ai écrit sur le foot mais aussi le tennis, le basket… pendant un peu plus qu’un an.

Puis avec mes diplômes universitaires, j’ai tenté les écoles de journalisme. J’en ai tenté deux, une à Paris et une à Toulouse et j’ai été pris au deux. Mon choix s’est porté sur Toulouse pour différentes raisons : parce que j’adorais la ville qui avait un parfum espagnol et, du coup, je retrouvais mes racines. C’est aussi une ville à taille humaine où on pouvait faire tout à pied. Un autre élément important était que l’école de journalisme était de petite taille. La direction connaissait parfaitement ses élèves. Si des opportunités se présentaient dans la région, elles allaient tout de suite nous être présentées. Alors qu’à Paris, il y avait plus de masse, plus de volume. Au bout de quelques semaines suivant mon entrée à l’école, notre professeur d’écriture d’agence, le directeur d’agence France presse du Midi-Pyrénées, nous informe qu’il y avait un poste à l’AFP Midi-Pyrénées pour couvrir le sport. Il a donc fait un petit concours d’écriture en interne à l’école, j’ai gagné et il m’a pris. Dès ma première année à l’école, j’avais la carte de correspondant de l’AFP du Midi-Pyrénées ! Je couvrais donc tout le sport de la région avec tout d’abord le foot avec le TFC en première division qui jouait une semaine sur deux à domicile. Le reste du temps, je faisais soit le tennis, soit le handball, soit le basket et les autres sports du côté de Toulouse. A chaque fois la chance se provoque.

Au bout de la deuxième année, je fais un stage avec un ami qui avait passé le concours avec moi et on était dans la même promo. Il était proche d’une personne qui travaillait dans le groupe Canal +. Il nous propose deux places de stagiaires dans le groupe Canal + dans la chaine qui s’appelle « Demain », la chaine de l’emploi ; elle était menée à ce moment-là par Martine Mauléon qui était le visage de Canal, décédée depuis. Elle avait monté cette chaine pour permettre une insertion professionnelle plus facile. Avec mon copain on s’était dit, ce n’est pas du sport mais c’est dans le groupe Canal, qui était la planète bleue de l’univers sport. Il y avait le PSG avec Denisot, on va donc faire ce stage. Comme on était dans le groupe Canal, on pouvait voir les postes disponibles sur l’ensemble de groupe. Durant notre stage, deux places se sont ouvertes au service des sports de Canal +. On ne pouvait pas louper cette occasion ! Avec mon ami, on s’est présenté à l’annonce. Les deux places étaient des postes pour répondre à la demande de la cellule d’image où tous les flux des matchs dont Canal est détenteur arrivent. Il fallait les enregistrer sur des cassettes et les référencer. On regardait le match dans l’intégralité puis on notait minute par minute, les actions du match. On rentrait tout ensuite dans un ordinateur pour que les journalistes de la rédaction aient l’information quand ils avaient un sujet à faire. On avait passé un accord avec l’école pour valider le cursus scolaire et l’école était ravie que nous ayons décroché une place à Canal. Au bout de 6 à 7 mois, deux places se sont libérées à la rédaction. Ils recherchaient un journaliste qui parlait plusieurs langues pour travailler sur les championnats étrangers ainsi qu’un chef d’édition. Mon copain lui était plus de cette branche-là. Moi j’ai évidemment pris l’autre poste.

Quelle est l’interview qui vous a le plus marqué ?

Il y en a une dont tout le monde en parle, c’est celle de Samuel Eto’o. C’est celle-là qui a beaucoup marché sur les réseaux. C’est une interview qui montre ce que doit être un intervieweur et ce que doit être un interviewé. Socrate avait une pensée, qu’on appelait la maïeutique, où on amène quelqu’un sur un schéma pour que in fine la personne se mette à penser ou se questionner sur ce que lui a dans la tête. C’est-à-dire que l’interviewer va l’amener, par des questions, par des raisonnements, sur son système de pensée. C’est ce que j’aime dans l’interview. Des fois, il faut des questions franches, directes. Mais parfois, il faut trouver des chemins de traverses que l’interviewé commence à se livrer, à se mettre en confiance. Samuel Eto’o en est une, Didier Deschamps en est une autre en 2012/2013 ; également celles d’Edison Cavani, de Ronaldo et d’un joueur qui est aujourd’hui dans l’encadrement du Real Madrid, c’était une de mes idoles de jeunesse : Emiliano Butragueno. Quand on faisait les finales de Ligue des Champions sur la pelouse, je l’ai sollicité, je l’adorais, du coup, il est venu avec moi pour l’interview. C’était plus un « kiff » personnel qu’autre chose.

Vous avez interviewé aussi Cristiano Ronaldo si je ne me trompe pas ?

Pour l’interview de Cristiano Ronaldo, c’était dans le cadre de son premier but pour la Juventus. Il n’avait pas accepté d’interviews de télévisions étrangères. L’interview était portée non pas sur lui mais sur son fils qui l’après-midi même avait marqué avec les équipes jeunes de la Juventus. Alors qu’il y avait son but à lui, je l’ai interrogé davantage sur son fiston. C’est drôle vu que Cristiano Ronaldo, je l’avais interviewé en 2011. On avait un clip à faire avec les grands noms de la planète et on était tous parti les interviewer. J’ai eu la chance d’aller à Lisbonne juste avant l’Euro 2012. Je l’ai donc interrogé sur sa carrière à ce moment-là. A Canal je couvrais le football espagnol et j’avais la chance de commenter les matchs du Real Madrid des Galactiques avec Ronaldo (R9), Raul, Beckham, Zidane, Roberto Carlos… C’était une joie immense de commenter ces matchs. A chaque fois que les matchs étaient finis, je descendais dans la zone mixte et j’interviewais Zidane. Pour moi cela a été extraordinaire. C’est quelqu’un avec qui je m’entends très bien et que j’apprécie aussi en tant qu’homme. C’est une interview qui a balisé mon temps à Canal. Et d’ailleurs avoir une deuxième langue ou troisième est très avantageux.

Quel est votre projet avec Brut ?

Brut n’a été qu’une aventure de trois mois puisqu’ils avaient besoin d’incarnation pour lancer leur plateforme Brut Live. Ils venaient de lancer ce système de conversation participatif que j’ai trouvé très intéressant mais j’étais déjà dans une grosse énergie digitale avec Youtube, Twitter, Twitch, Instagram… J’y suis allé pour voir ce que cela donnait mais je ne poursuis pas l’aventure Brut. Je monte autre chose avec un autre groupe. C’est en train de se finaliser : une offre 360 en digital  accessible sur toutes les plateformes. Je vais mettre l’accès de façon très forte sur une plateforme pour que ma communauté ne soit pas trop éparpillée. Je vais davantage tout rassembler pour que les directs soient par exemple sur Twitch ou Youtube. Ensuite distribuer la VOD, les replays sur d’autres plateformes.  C’est toute une mécanique de digital particulière dans laquelle  cela faisait deux, trois ans que je voulais me lancer puisque l’âge passe, l’âge avance. Si tu ne prends pas le train à des moments précis, cela va tellement vite que tu es vite dépassé. Je le vois avec des collègues qui n’ont pas voulu prendre cette voie et aujourd’hui ils sont largués sur le digital. J’ai pris le train assez tôt et je suis plutôt confort là-dessus. Toutes les chaines en France ont ouvert leur chaine Twitch ; on est un peu en retard sur toute l’Europe.  Je voulais être dans les premiers en France.

Comment préparez-vous un live Brut ?

Il n’y a pas de différence entre les live sur les différentes plateformes. Un live ne se prépare pas seulement sur le live en question. Le travail, c’est tous les jours. Par exemple, tous les jours je fais mes revues de presse, je lis la presse étrangère. Ce qui est génial dans le live est que tu es sans filet. J’ai toujours fait que du Live où que je sois, soit à Canal ou à beIN SPORTS. Je n’ai pas un problème avec les émissions enregistrées mais je trouve que le live a une certaine magie. Ce côté anti-robot est vraiment sympa.  Tu as ton bagage, ton matelas, ce qui fait que si tu sens que le live manque un peu de rebond, que l’actualité est faible ou bien que ton match n’est pas assez prenant, tu peux relancer sur des thèmes d’actualités ou autres et donner un peu de vie à ce phonogramme qui était en train de s’aplanir. Mon rôle en tant que maitre de cérémonie dans ce type de live, c’est de faire en sorte que ces phonogrammes soient toujours vivants pour que le rythme du live ne soit pas plat, qu’il y ait de la vie, du relief. Il faut que le public trouve de l’intérêt à suivre sur ce que je suis en train de faire. Ma mission c’est de relancer à chaque fois quand il le faut. Du coup pour répondre à ta question sur la préparation d’un live, ce n’est pas de la préparation dans l’instant, c’est plutôt un travail continu. Je n’ai jamais arrêté depuis que j’ai commencé ce métier, il y a 25 ans. Je n’ai jamais arrêté de lire, de regarder et d’écouter la presse étrangère. Une fois que tu as fait ça, très sincèrement tu as gagné.

Est-ce que vous avez un fil conducteur pour vos live ?

J’ai les grands thèmes avec des questions dans le tiroir. La personne qui regarde ou qui écoute la radio ou la télévision, il ne sait pas tout ce que vous avez dans votre tiroir. Vous faites l’interview, si l’interviewé est bon, votre ligne directrice va partir dans pleins d’endroits autour de votre ligne avec pleins d’histoires. S’il n’est pas très bon et qu’il n’a pas envie de se livrer, vous êtes obligé de vous rapprocher de cette ligne directrice pour apporter des points pour que l’interview existe.  Par exemple, Samuel Eto’o, j’ai mis le sujet et il est parti. J’ai juste quelquefois eu à le relancer sur des petits axes. Lui il m’a raconté pleins d’histoires autour de celle que j’avais principalement à raconter. Il y a d’autres personnes plus fermées, plus compliquées où il faut être plus droit et là il faut avoir davantage préparé en amont. Du coup-là on prépare les tiroirs mais s’il est bon je garde mes tiroirs fermés, tant pis cela me servira pour plus tard. Quand je fais des live sur des matchs de Ligue des champions ou autre, je n’ai jamais eu de fil conducteur. Quand vous êtes à l’extérieur dans un stade, vous n’avez pas votre ordinateur, vous êtes juste debout avec un micro devant la caméra pour un spectacle avec deux experts. Il m’est arrivé de mettre un petit post-it derrière mon téléphone avec les cinq grands sujets. Après chacun ces méthodes.

Est-ce que vous faites des fiches ?

Je lis et j’écris chez moi. J’ai plein de carnets chez moi. Par exemple, je résume un papier que je viens de lire, comme ce que je faisais en agence en 1999. Ce travail là il est toujours présent et après votre cerveau, il est calibré.  Une fois que vous avez cette mécanique vous l’intégrez. Mon travail d’agence m’a beaucoup servi.

Quand est-ce que votre projet sera officiel ?

Les chaines sont lancées depuis maintenant 1 an et demi. J’ai un bassin de masse sociale sur les réseaux : j’ai 1,6 million de personnes qui me suivent entre Youtube, Twitter, Facebook, Instagram, Twitch, qui commence à très bien monter. Dans quelques semaines, je dois signer un partenariat avec un gros acteur digital pour être sur le football international. Il y aura une nouvelle étape dans ce chemin de digital.

Quel est le modèle économique du digital ?

Le modèle économique est avant tout entrepreneurial. J’ai quitté la position de salarié pour devenir un entrepreneur. Je n’avais plus envie d’avoir un patron et je voulais avoir une prise de risque, de danger. Donc je crée du produit sur du digital pour attirer un maximum de masse sociale qui attire par la suite les marques ou les chaines. Les marques vont maintenant décrypter votre masse sociale. Je fais du sponsoring, de l’accompagnement de fédérations, l’accompagnement de clubs. Je peux vendre mes qualités de commentateur sur Twitch à un club de foot qui retransmet son propre match sur sa chaine Twitch. Il y a une variété et un spectre qui est infini sur le digital. Alors que les chaines de télévisions sont soumises à leurs droits d’exploitation. Aujourd’hui on voit de plus en plus de matchs sur Twitch. Les acteurs sont tellement en train de se rendre compte que la télévision n’a plus d’argent que le digital est en train de prendre ses parts fortes comme Amazon, Facebook. Demain, de plus en plus d’entreprises vont prendre le dessus ; Ali-Express, Google qui ont des grosses puissances économiques vont acheter des droits. Par exemple, l’AS Monaco en plus de recevoir des droits, est détenteur de ses propres images sur ses réseaux sociaux.  Sur les réseaux sociaux, il y a donc un deuxième marché économique et ils vont chercher des personnes enfin d’alimenter leurs réseaux sociaux. C’est à ce moment que moi j’interviens.

Est-ce que les clubs de foot ont le droit de diffuser les images de leurs propres matchs sur les réseaux sociaux ?

A terme, ils pourront, peut-être plutôt en rediffusion qu’en live. Aujourd’hui le droit digital est un lot à part entière dans le lot foot. Les lots des droits d’images de foot sont divisés en plusieurs partie. Le lot numéro 1 est l’affiche puis il y a le lot 6 qui est le lot digital. Toutes les images de matchs digitaux sont sur Free. Sur l’application Free qui est gratuite, il y a tous les résumés des matchs, tous les buts, 23 secondes après le Live. Les 10 matchs de Ligue 1 sont sur un même lot ce qui ne parait pas grand-chose aujourd’hui mais dans peu de temps ce sera LE lot à avoir. Cela apporte de la pub à Free, mais maintenant ils cherchent de l’exposition puisqu’ils ont ça depuis 2 ans et peu de personnes le savent. Ce sont des vrais modèles. En réalité, ceux qui se sont associés à la Ligue 1 sont Free et Uber Eats. Avec la pub d’Uber Eats a plus d’impact que Free. Normalement, cela devrait être Free- Uber Eats- Ligue 1. C’est le manque de notoriété de Free qu’ils sont en train de travailler. 

Quel est l’avenir des nouveaux réseaux sociaux avec les médias ?

C’est eux qui prendront le « lead ». Le meilleur exemple que je peux te donner c’est Gérard Piqué. La communication des joueurs ne se fait plus par les médias mais par le digital. Le défenseur espagnol était dans une affaire d’intérêt avec la fédération espagnole pour communiquer officiellement à l’ensemble de sa masse sociale et des médias. Demain, chacun va communiquer sur sa propre plateforme. Il va y avoir certaines plateformes qui vont réussir à amener des joueurs qui communiqueront.  Ce sera comme des agences de communication. Pour moi, l’avenir de la télévision comme elle est actuellement en France, c’est fini.

Quel est la place de l’E-sport au sein du monde du foot ?

Je suis toujours partenaire avec la banque le CIC, je le suis en tant qu’entreprise.  D’ailleurs beaucoup de banques commencent à miser sur l’E-sport. Il cherche des personnes connues du grand public pour aller dans l’E-sport. Donc j’ai commencé à y aller. Puis, ils sont venus me chercher pour ça. Ils veulent amener des entrepreneurs dans l’E-sport. C’est déjà ma 4ème année au sein de la banque CIC. Aujourd’hui, la place de l’E-sport au sein du monde du foot est énorme. Tous les joueurs jouent aux jeux vidéo, à FIFA ou d’autres jeux. Avec ces jeux qui ont été des incubateurs forts, autour du foot, autour du sport, d’autres jeux se sont créés avec des jeux d’équipes comme les LOL, les WorldCraft, les League of Legends. Tous ces genres de plateaux génèrent une économie qui dépasse l’entendement. Aujourd’hui les vainqueurs des compétitions LOL, League of Legends ou d’autres jeux sur la planète, gagnent plusieurs millions par an et celui qui gagne une compétition mondiale de LOL gagne plus que Rolland-Garros. Les gamers sont des joueurs professionnels. Je suis allé voir des équipes un peu partout en Europe et j’ai vu la plus grosse équipe à Berlin qui est financée par d’ énormes groupes industriels. Tout comme pour une équipe de foot, ils sont allés chercher des talents à l’étranger. Ils sont hébergés dans un bâtiment : à chaque étage, il y a un dispositif : l’étage cuisine, l’étage dortoir, l’étage gamer. Ils ont un programme, des diététiciens, et des professeurs pour les mineurs. Le contrat qui est signé avec les parents et l’enfant continue son parcours scolaire, physique. Aujourd’hui, l’énergie E-sport est monstrueuse. Tous les clubs de foot ont leur équipe E-sport. La France est encore en retard par rapport à d’autres pays mais il y a quand même de gros rendez-vous.

Quel est l’avantage des clubs de foot d’être performants en Es<-port ?

C’est une logique économique. Il y a énormément de partenaires qui mettent de l’argent dans l’E-sport et qui n’en mettent plus dans l’équipe de foot. Je suis partenaire d’une marque qui touche une cible jeune. La caisse de résonance peut-être plus forte. L’intérêt, c’est d’atteindre plus de générations qui veulent venir au stade. C’est de la régénération.

Quels sont les joueurs à surveiller pour la saison 2022-2023 ?

Si Mbappé vient à Madrid, c’est le joueur que toute la planète va suivre, s’il reste à Paris je le pense un peu moins. Après chez les jeunes, il y en a énormément.  J’en ai au moins un par club dans chaque pays. Par exemple à Barcelone, c’est Pedri, le nouveau Iniesta, le nouveau Xavi.

Qui pensez-vous va gagner la Ligue des Champions ?

J’aime le Real Madrid depuis que je suis petit. Quand le Real Madrid arrive dans le final « cut », c’est une équipe complétement différente. Quand les madrilènes sont en Ligue des Champions, ils se transforment, c’est leur compétition. Maintenant que certaines équipes comme le Bayern sont éliminées, le plus gros danger sera Liverpool. Je pense que le club espagnol va battre City. Aujourd’hui, je pense que le Real Madrid est plus armé que Manchester City. Après pour Villareal qui a une bonne petite équipe et dont j’admire beaucoup le coach Unay Emery, je pense que Liverpool est au-dessus. Cela nous fera Liverpool et le Real en finale. Dans une finale tout peut se passer mais quand le Real Madrid arrive en finale, les madrilènes sont quasiment imbattables.

Qui pensez-vous va gagner la Ligue Europa ?

Elle est hyper ouverte, tous les gros clubs sont éliminés. Tout le monde attendait le FC Barcelone contre Lyon en demi-finale. Finalement, on a Franckfort. Peut-être West Ham va la gagner.

Qui pensez-vous va gagner la Ligue Europa Conférence ?

Je vais mettre une option sur Rome.

Selon vous quel est le championnat le plus intéressant ?

Je pense que c’est la Premier League. Je pourrai être chauvin en te disant l’Espagne mais je trouve que la Premier League est passionnante surtout dans la bataille Liverpool-Manchester City. C’est une nouvelle rivalité entre Guardiola et Klopp qui s’est créée du temps de Guardiola et Mourinho, beaucoup plus que Xavi-Ancelotti.

Avez-vous un attachement particulier au le football espagnol ?

Je suis franco-espagnol, j’ai été bercé par le foot espagnol. C’est le foot qui m’a intéressé, le foot que j’ai cultivé. C’est ce foot qui m’a donné envie d’avoir ce parcours professionnel.  Par contre, je n’ai jamais vécu en Espagne, mes parents y ont vécu. Je n’ai pas été scolarisé en Espagne. En revanche j’y vais tout le temps.

Quelle a été la meilleure période du football ?

Je crois que je préférais mes années où j’étais commentateur lors de mes débuts à Canal avec l’époque des Galactiques. Je pense qu’il y avait un peu moins de barrières. Les joueurs étaient plus accessibles. Après c’est logique, plus on avance, moins les joueurs deviennent accessibles. Maintenant il y a plus d’agents, de communication, de barrières dans le foot qui font qu’à chaque interview il faut répondre à un cahier de charges très précis. Ce n’était pas le cas avant ; plus on avance, plus c’est compartimenté, segmenté. Alors à mon échelle de vie professionnelle, je préférais les années 2000.

A votre avis est-ce que Mbappé doit partir du PSG ?

Mon avis c’est qu’il y aurait déjà dû partir l’année dernière. Dans une carrière professionnelle, quand il y a le Real Madrid qui se présente à vous, je pense qu’il ne faut pas hésiter. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une affaire financière. Sa mère était à Dubai en train de discuter avec l’émir du Qatar et la délégation du PSG sur place. Je suis surpris mais ce n’est qu’un avis, qu’une opinion. Je trouve cela un peu étrange que tout ne soit scellé alors qu’on est qu’à quelques semaines de la fin de son contrat officiel. Je pense que s’il choisit de rester à Paris, je lui souhaiterais la plus grande réussite et j’espère que le PSG pourra atteindre les sommets qu’il vise depuis plusieurs années. Mais je pense que ensuite les portes du Real seront définitivement fermées pour lui.

Comment voyez-vous l’avenir de Zidane pour la prochaine saison ?

Il est sans affectation. Comme tout le monde, on attend de voir comment cela va se passer avec l’équipe de France. Est-ce son appétence première ? Est-ce qu’il souhaite revenir dans un club ou dans la sélection nationale ? On va voir ce que l’aura de l’équipe de France a d’auras et ce que va faire Didier Deschamps. Après, l’autre question, c’est est-ce qu’on voit Zidane sélectionneur ? Est-ce que vous voyez plus Zidane en club ou en sélection nationale ? Le métier d’entraineur, c’est tous les jours, une pression quotidienne, c’est vraiment autre chose. Le métier fédéral, c’est complétement différent. Je le verrais bien arriver à la tête de l’équipe de France. Ce serait possible et envisageable.

Propos recueillis le 22 avril 2022