Antoine Meeschaert, co-fondateur des Dogues D’Honneur nous raconte le fonctionnement de cette section de supporters du LOSC

D’où vous est venue l’idée de créer un groupe de supporters ?

A la base, il faut savoir que je n’étais pas du tout dans le monde du football car mes parents n’étaient pas particulièrement fans de foot, mon grand frère non plus. J’ai vraiment connu le football avec mes amis. Justement on avait un ami qui était le président fondateur des DVE (NDLR : Dogues Virage Est) qui m’a emmené pour la première fois au stade Grimonprez-Jooris. C’était la première fois où j’ai vraiment découvert le foot à 10 ans puisqu’à l’époque c’était assez violent en termes de mouvement. C’étaient des tribunes où il n’y avait que des escaliers et non des fauteuils. Quand j’étais jeune c’était assez impressionnant d’être dans un stade et au sein du lieu. Derrière vers 15-16 ans, j’ai commencé à être dans les DVE avec des amis. Puis après plus tard, il y avait des amis qui étaient dans les tribunes honneurs au Stadium. Puis on voyait qu’il y avait beaucoup de supporters à 2 ou à 3 qui avaient envie de chanter, de mettre un peu de l’animation. C’est à l’entrée du grand stade où on a vraiment voulu créer une section de supporters. Puis on est allé voir le LOSC en leur demandant 100 places ce qui nous plaçait dans le top 5 des clubs de supporters du club. Dès la première année, on était 108. Cela s’est bien passé, donc dès 2011, on était au stade avec notre section.

D’où vous est venue votre passion pour le LOSC ?

A la base je suis plutôt rugby, puis j’ai commencé à avoir une passion pour le foot. Puis quand j’étais enfant, j’ai passé quelques temps à Bollaert (NDLR : le stade de Lens) puisque mon oncle était abonné là-bas. J’ai connu la saison 1998-1999 avec le titre puis la Ligue des Champions. Après localement mon club c’est Lille. Même s’il y a eu des années moins bonnes en championnat. On était purement lillois. Par exemple un de mes collaborateurs était pour Marseille puis lorsqu’il a découvert le LOSC, il est devenu lillois mais c’est vrai qu’historiquement moi qui suis né en 1985, c’était plutôt les grandes années de Marseille, de Paris. Quand j’avais 10 ans, j’avais beaucoup d’amis qui étaient pour Marseille ou Paris.

Comment a été l’accueil du club pour ce projet ?

Clairement eux ils étaient contents, lorsqu’une section veut se créer, ils sont ravis. La dernière l’a été créé était il y a 5,6 ans qui s’appelle « les Dogues Pompons ». En tant que section, on les accueille bien aussi car ils peuvent participer potentiellement à la vie du club et aux déplacements. Par exemple ils organisent de temps en temps des bus. Justement ce n’est pas très grave s’il y a beaucoup de sections aujourd’hui car si chacun se démène et organise des déplacements, c’est une très bonne chose. Puis le but c’est de rayonner derrière.

Quelles ont été les étapes pour la création des Dogues d’honneurs ?

A la base c’était une étape un peu officieuse puisqu’on avait une entente entre nous pour juste créer une section. Il faut savoir qu’à la base cela s’appelait la « Team Karmeliet» puisqu’on était souvent au bar et on buvait des bières et des carmélites, mais le nom faisait allure à de l’alcool et le LOSC a refusé notre nom. Alors on a opté plutôt pour « les Dogues D’Honneur ». Ensuite, c’étaient les procédures ordinaires, on a dû créer un bureau et faire des démarches administratives pour la préfecture. Derrière l’association a été créé et référencé sur le site officiel du LOSC. Puis on est convié en réunion au LOSC tous les 1,2 mois avec l’ensemble des sections des supporters.

Quel est le meilleur match du LOSC que vous avez vu ?

Mon meilleur souvenir c’est le match du 5-1 il y a 3,4 ans contre Paris avec Thomas Meunier qui a mis un but contre son camp puis après c’est parti rapidement. Il y avait une sacrée ambiance. Après au niveau ambiance, c’était mieux le match de Ligue des Champions contre Chelsea en 8ème de finale. Je trouvais qu’il y avait vraiment une grosse ambiance de la part de toute la tribune lilloise.

Comment se passe l’organisation d’un match pour les déplacements ?

On sélectionne la géographie puisqu’une section comme les Dogues D’honneur ne réussit pas à organiser l’ensemble des déplacements en France puisque quelques fois il y a des problèmes de programmation de match. On a toujours fait des déplacements magnifiques avec le Bayern, Chelsea et l’Ajax avec un nombre de bus incroyables. Des fois des matchs basiques de championnat, c’est plus compliqué à organiser. Dès le début de la saison, on se met d’accord sur les déplacements que nous allons effectuer, par exemple les classiques avec une certaine proximité, par exemple à l’époque il y avait Lens, Boulogne-sur-Mer et Valenciennes. Déjà tous les clubs de la région on fait les déplacements mais aussi celui de Reims qui est seulement à 2 heures de Lille. En plus c’est très intéressant cette année avec sa forme incroyable avec des joueurs comme Balogun qui sont très bon.

Pour le déplacement à Paris, on remplit aussi toujours les bus mais en 2015-2016, il y a eu un boycott notamment des DVE à cause du propriétaire du club, à savoir le Qatar. Une autre raison était le prix de parcage visiteurs qui n’était pas coordonné à l’époque par la fédération. Par exemple à Paris, c’était 50 euros. Il voulait justement avoir le moins de supporters adverses possible pour que les supporters ne soient pas derrière leurs joueurs et que cela leur plomb le match. Maintenant le prix est de 15 euros. Après cela dépendent des stades puisque des fois, le placement n’est pas incroyable ou il y a un filet juste devant nous. Concernant l’organisation, on doit attendre 3,4 semaines avant pour voir les têtes puisque des fois il y peut y avoir des problèmes pour les horaires de bureaux. Par exemple, si cela tombe un vendredi soir, le supporter est obligé de prendre un jour de congé. En conséquence on a moins de monde et on n’arrive pas à remplir des bus.

De plus, les déplacements sont souvent très structurés, par exemple il y a des rendez-vous à une heure précise à un bus spécifique. Puis il y a des aires d’autoroutes où nous n’avons pas le droit de nous arrête. On a un lieu d’arrivée précis pour se faire escorter par la police. Par contre, il y a quelques différences. Par exemple à Nantes, Marseille, Paris ou Lens c’est très encadré. En revanche, par exemple à Reims c’est un peu moins encadré. Pour le déplacement à Lens, on a du donné rendez-vous à 11h à nos adhérant alors que c’est très proche ! On doit aussi attendre toutes les sections pour partir et nous faire escorter. Cette année à Paris, on est arrivé pile à temps pour le coup de sifflet du match puisque l’organisation était mal faite. Dans le meilleur des cas, on sera 30 minutes ou 45 minutes avant le début du match concernant les déplacements. Justement c’est très important d’avoir une bonne ambiance dans le but car les autorités ne veulent pas que les supporters adverses sortent du bus.

En revanche à Lille notre QG c’est le Petit Wasquehal. A l’époque on fréquentait déjà la taverne puis en 2011, la date de notre création, on est allé voir le patron Thierry Raepsaet, qui avait racheté l’écume des mers, un petit bistrot super sympa sur le Nouveau Siècle. Puis on y est allé en lui disant « bah Thierry, on souhaiterait que tu sois partenaire et nous on demande à nos adhérant de venir boire un coup avant le match ». Puis il a tout de suite accepté et a trouvé cela sympa. Justement la bonne nouvelle, c’est qu’il y avait une navette qui partait de la taverne et cela est vraiment royal. Alors on a eu des années magnifiques où sur les 130 personnes, on a eu 80,90 personnes qui venaient avant le match. Ce qui était très bien pour le bon fonctionnement du bar avec une consommation de boisson et de nourriture. Maintenant c’est un peu différent puisqu’il y a des places de parkings inclus ce qui fait que les adhérents ne se garent plus à la Taverne pour prendre le bus. Par contre tout s’est fait à la taverne pour les événements comme la venu de RMC avec l’Afterfoot ou encore celle de José Fonte pour Téléfoot. Puis après la taverne, nous venons souvent prendre un verre avec les restaurants ou bistros autour du stade.

Est-ce que les Dogues d’honneurs ont des activités en dehors des matchs ?

On est plus d’une centaine mais on a vraiment un gros noyau dur de 30,40 personnes où l’on fait beaucoup de choses à côté. Par exemple, j’ai embauché un adhérant dans mon entreprise. Des fois le dimanche matin quand il fait beau, on va se faire une pétanque ensemble. On organise aussi des petits week-ends entre nous. Après à un moment, j’aimerais bien organiser un tournoi de pétanque entre nos adhérents où on passe un bon moment et on offre les boissons et la nourriture. J’aimerais aussi un jour visiter la brasserie pour brasser la carmélite puisque dans notre logo la fleur de lys symbolise la fleur de lys de Karmeliet. A la création moi j’étais vice-président, notre président c’était Jonathan Marliere, il a acheté un camping dans le sud et c’est pour ça que j’ai pris la présidence il y a 6 ans quand il est parti. Il est parti avec son camping à Cahors et donc régulièrement, on se réunit là-bas. Par exemple au mois de mai, nous faisons de la moto. L’été, on croise donc des Dogues d’honneurs en famille. Je reste souvent 3,4 semaines là-bas puisque cela me permet aussi de retrouver mes amis. Cette section des Dogues D’honneur est donc véritablement une famille depuis le départ. Cela a été toujours notre mentalité et nous appuyons beaucoup sur le respect. Par exemple pour les déplacements, on fait bien la fête mais de façon respectueuse.

Quel a été le meilleur joueur que vous avez vu jouer au LOSC ?

Justement quand on parle de meilleurs joueurs, on parle souvent d’attaquants, on a du des joueurs comme Eden Hazard qui faisait des choses magiques sur le terrain. Après me joueur que j’ai vraiment adoré c’est Marko Basa avec Simon Kjaer qui formait une défense vraiment monstrueuse. Cette charnière-ci m’a fait vraiment rêver. Après j’aime bien aussi les joueurs un peu comme Boufal qui dribblait beaucoup et cassait des lignes, un peu comme un Zhegrova aujourd’hui mais il lui manque un peu de maturité et de physique. Aujourd’hui, j’aime bien aussi Cabella car je trouve il régale car il sait se placer. Après j’ai aussi apprécié des joueurs avec une grosse mentalité comme Balmont comme Benjamin André aujourd’hui. Justement, c’est avec des joueurs comme cela qu’on peut gagner des titres contre des clubs comme Paris qui possède une grande puissance financière. C’est ce qui se passe justement à Lens, il cartonne parce qu’il y a un esprit d’équipe et une cohésion d’équipe.

Avez-vous vu une évolution entre la relation entre les joueurs et les supporters ?

Elle s’améliore un petit peu avec la nouvelle direction et plus spécifiquement avec Létang. Avec Donatien, le président des DVE, il se voie régulièrement avec les joueurs. Olivier Létang a été très intelligent à ce niveau-là car il sait que les supporters sont très importants pour le club. De ce fait, il a compris cela et il y a des rencontres régulières. Par exemple quand cela n’allait pas en début d’année, Donacien avait possibilité de le rencontrer et de lui faire passer un message à donner aux joueurs. On le voit justement avec Zhegrova qui célèbre le but contre Montpellier avec les supporters. Il y a vraiment un faussé entre les joueurs et les supporters. En fait même nous les sections, nous les voyons très rarement, voir jamais. Ce qui est bien est que maintenant il y a l’entrée des joueurs avec les supporters autour. Il y a eu une époque où les joueurs ne venaient pas saluer les différents tribunes, maintenant par contre c’est le cas. Cela a évolué mais cela peut évoluer encore plus je pense.